Pour Rivette, les films étaient constitués comme des complots »Ses films sont célébrés aux quatre coins du monde, de Hollywood à Tokyo, comme en témoignent les invités (Alex Ross Perry, Mark Goldblatt, Nobuhiro Suwa…) du grand format que nous consacrions en novembre à son chef- d’œuvre, Out 1 (1. Mais c’est d’abord l’histoire du cinéma français que Jacques Rivette a fait bifurquer, à travers ses engagements critiques, son goût du mystère, du jeu, de l’expérimentation. Pour Le Monde, une douzaine de compagnons de route – collaborateurs ou simples admirateurs – évoquent le parcours du cinéaste, disparu le 2. Lire aussi. Mort de Jacques Rivette, le mystérieux de la bande. Pascal Bonitzer : « On écrivait sur le fil, sans filet » Critique, cinéaste et scénariste, Pascal Bonitzer a coécrit tous les films de Jacques Rivette de L’Amour par terre (1. Vues du pic Saint- Loup (2. Un monde fou, fou, fou, fou (It's a Mad, Mad, Mad, Mad World) est un film américain réalisé par Stanley Kramer et sorti en 1963. J’ai fait sa connaissance aux Cahiers du cinéma, en 1. Il s’est éloigné de la revue au moment de son tournant idéologique, qui a correspondu à son retour à la réalisation. Sa productrice Martine Marignac nous a mis en contact pour ce projet particulier qui est devenu L’Amour par terre. Il voulait faire un film avec Jean- Pierre Kalfon, Jane Birkin et Geraldine Chaplin autour du théâtre d’appartement. Film réalisé par Stanley Kramer en 1963 avec Spencer Tracy, Milton Berle, Sid Caesar, Buddy Hackett, Mickey Rooney : l'essentiel, notre critique, les informations. Ses films sont célébrés aux quatre coins du monde, de Hollywood à Tokyo, comme en témoignent les invités (Alex Ross Perry, Mark Goldblatt, Nobuhiro Suwa…) du. Hugues Gall est heureux. Le jardin de Monet, sur lequel il veille comme un père, a refleuri à l’heure dite. Et, comme chaque 1er avril, le public s’est. Pierrot le fou est un film franco-italien réalisé par Jean-Luc Godard, sorti en 1965. Un monde fou fou fou fou,super production,remarquable,inoubliable,avec des acteurs au delà du talent,phénoménaux.Tout bonnement un bijou du cinéma américain. Françoise Hardy naît le 17 janvier 1944 à Paris. Elle mène une enfance solitaire auprès de sa mère et de sa soeur, son père ayant été quasi absent. Il se trouvait que j’avais vu un spectacle de Brigitte Jaques- Wajeman mis en scène dans ces conditions. Cette coïncidence lui a plu, il a décidé qu’on pouvait travailler ensemble. J’étais un peu réticent. Sa méthode, qui était nouvelle à l’époque, consistait à tourner un scénario écrit au fur et à mesure du tournage. Elle me semblait intéressante et dangereuse. On avait le sentiment d’écrire sur le fil, sans filet. Réussi ou raté, tout serait fini au bout de deux mois, contrairement à un scénario écrit dans des conditions classiques, où l’on peut exiger de vous je ne sais combien de versions. J’ai apprécié cette liberté que Jacques me donnait, il m’a aussi donné le goût des dialogues. Sans lui, je n’aurais pas réalisé de film. C’était un metteur en scène très tenace. Ses films se réalisaient au jour le jour, souvent en plans séquences, avec William Lubtchansky, son chef opérateur de prédilection. Il fallait à Jacques Rivette une complicité avec ses collaborateurs, le directeur de la photo, le scénariste, les comédiens. Du 28 mars au 17 avril, Maxi vous propose de tenter de gagner un séjour pour 4 personnes au Puy du Fou. Three Branches of Government The judicial part should evaluate the laws the executive division will be to apply. The legal department creates the laws, the judicial. Cette complicité supposait une fidélité : j’ai écrit tous ses films depuis L’Amour par terre, William a été son chef opérateur à quelques exceptions près, et quand il n’était pas là, c’étaient des gens qu’il avait formés qui prenaient sa place, comme Caroline Champetier pour La Bande des quatre. Cette complicité reposait sur son charme, sur sa capacité très secrète de manipulation. Pour ce balzacien, les films étaient constitués comme des complots contre la façon dominante de faire des films. Le système Rivette était tout à fait opposé à la façon dont se font la plupart des films, qui exigent un scénario tiré au cordeau. Chez lui, le mot d’ordre était l’absence de contrôle. Chaque film était un défi nouveau à relever : la comédie musicale dans Haut, bas, fragile, l’histoire dans Jeanne la Pucelle, la peinture et Balzac dans La Belle Noiseuse. Il choisissait ces défis selon sa fantaisie. Quand il a décidé de faire Jeanne la Pucelle, ce n’était pas pour mettre en scène Jeanne d’Arc ou faire un film sur le Moyen- Age. Il s’est demandé ce qu’il pourrait faire avec Sandrine Bonnaire. Il savait assez peu de chose sur Jeanne d’Arc, même s’il était né à Rouen, même s’il avait lu Péguy. Pendant tout le temps de notre collaboration, il n’a réalisé qu’un scénario écrit intégralement avant le tournage, Ne touchez pas la hache. C’était son avant- dernier film. A l’époque du dernier, 3. Pic Saint- Loup, il était déjà très atteint par la maladie. Nous écrivions toujours au jour le jour. Il avait perdu la mémoire immédiate, le tournage a été difficile, il ne se souvenait pas de ce qu’il avait tourné la veille, c’était terrible et douloureux. Jacques n’aimait pas la maladie, il n’aimait pas la mort. Il n’a jamais assisté à un enterrement. Il était tourné vers le présent et l’avenir immédiat. »Caroline Champetier : « Une gestuelle de danseur »Directrice de la photographie, Caroline Champetier a éclairé La Bande des quatre (1. J’ai d’abord été assistante du chef op’ William Lubtchansky, sur le tournage de Merry- Go- Round et sur Le Pont du Nord. C’était mon adolescence du cinéma. Puis j’ai signé la photo de La Bande des quatre. Sur ce film, on sentait que Rivette était dans une situation de renouveau. Il nous disait : “Je ne comprends pas, la lumière n’a pas de sens !” C’était un être très particulier, féminin, avec une gestuelle de danseur. Sur La Bande des quatre, Rivette m’a fait filmer les femmes, et surtout ma première grande actrice, Bulle Ogier. J’avais la responsabilité de son image, je prenais cette mission avec le plus grand sérieux. »Bulle Ogier : « Il disparaissait deux jours… puis revenait »Actrice, Bulle Ogier a joué dans sept films de Rivette, de L’Amour fou (1. Ne touchez pas la hache (2. Je voudrais parler du bonheur d’avoir rencontré Jacques, comme metteur en scène. Je ne veux pas rester dans ma tristesse, qui est pourtant très grande. Ce bonheur, c’était de préparer les films avec lui, autour d’une table, à partir d’inspirations, de discussions littéraires, d’une idée qui l’emmenait vers autre chose. Il avait un côté poétique, de l’enfance… Sur un tournage, il pouvait disparaître deux jours, les producteurs, comme Martine Marignac, le cherchaient partout, inquiets… Puis il revenait. Je l’ai rencontré la première fois pour un rôle de nonne dans Suzanne Simonin, La religieuse de Diderot. Puis j’ai joué dans l’Amour fou, ce qui a été déterminant pour la suite, par exemple dans ma rencontre avec Bunuel. De L’Amour fou à Ne touchez pas la hache, c’est toute une vie pour moi. Quant à Jacques Rivette, sa raison de vivre, c’était le cinéma. »Pierre- William Glenn : « Sur “Out 1”, toujours caméra à l’épaule »Directeur de la photographie, Pierre- William Glenn a éclairé Out 1 (1. Il y avait avec Rivette cette idée de sauter dans l’inconnu. Out 1 était un film hors- norme, tout en improvisation, avec Bulle Ogier, Bernadette Lafont, Jean- Pierre Léaud, Marcel Bozonnet… Quarante- cinq ans après l’avoir tourné, je continue à le présenter un peu partout dans le monde, du Japon à la Cinémathèque de Genève ! Il reste une référence pour le public. Je l’ai restauré, de juin à octobre 2. Festival de Cannes. Je me souviens de ce tournage, j’avais presque toujours la caméra 1. Je suivais les personnages, il fallait se mettre à l’écoute de leurs rythmes, différents. »Marcel Bozonnet : « Il pouvait passer une soirée à nous refaire l’histoire du kodachrome ! »Comédien, Marcel Bozonnet a joué dans Out 1 (1. Jeanne la Pucelle (1. J’étais étudiant à Dijon et ma principale occupation était de lire. Les Cahiers du cinéma. A l’époque, le champ cinématographique n’était pas aussi large et l’on devenait vite cinéphile. Un jour, je suis allé voir un film populaire avec Lino Ventura. En première partie était projeté un court- métrage de Jacques Rivette. Je me souviens d’une coupe de champagne, montrée en gros plan. Il avait une façon de filmer qui sortait de notre rhétorique. Puis Rivette m’a repéré sur scène, au théâtre, avec Hermine Karagheuz. J’ai été un collaborateur occasionnel, un homme de théâtre qui a frôlé son univers. A 2. 5 ans, j’ai tourné dans Out 1, cette grande fresque que je n’ai jamais regardé depuis. Bien plus tard, j’ai tenu un rôle dans Jeanne la Pucelle. Je me souviens de sa gentillesse, de sa culture immense. Il pouvait passer une soirée à nous refaire l’histoire du kodachrome ! Il y avait chez lui quelque chose qui poussait vers la camaraderie, il était disponible, ne surplombait pas les personnes. »André Marcon : « Il s’est mis à réciter “L’Après- midi d’un faune” »Comédien, André Marcon a joué dans Jeanne la Pucelle (1. Haut, bas, fragile (1. Vues du pic Saint- Loup (2. Avec Jacques Rivette, j’ai vécu des tournages heureux, ce qui est exceptionnel. Il avait la légèreté, la gravité, la précision. J’ai un souvenir merveilleux du tournage de Haut, Bas, Fragile. Un jour, on a eu un gros problème technique, entre l’image et le son, qui risquait de compromettre la journée de travail. Jacques s’est assis sur le lit qui se trouvait dans la pièce, puis il s’est mis à réciter L’Après- midi d’un faune, le poème de Stéphane Mallarmé qu’il connaissait par cœur. Pendant ce temps, les techniciens ont résolu le problème dans le calme. Il était d’une grande culture, sans l’asséner. »Martine Marignac : « Jacques arrivait avec une idée, sans prévenir »Productrice, Martine Marignac a collaboré avec Jacques Rivette du Pont du Nord (1. Vues du pic Saint- Loup (2. Barbet Schroeder (en sa qualité de producteur aux Films du Losange) et Bulle Ogier voulaient que Jacques se remette au travail après le sinistre de l’arrêt de L’Histoire de Marie et Julien. Il m’ont proposé de devenir productrice. Jacques n’avait pas tourné depuis cinq ans, il était plus ou moins interdit de séjour par les assureurs, il n’y avait pas du tout d’argent. On a fait Le Pont du Nord à partir d’un peu d’argent venant d’une commande que Henri Chapier, qui dirigeait Paris Audiovisuel, a passée pour un court- métrage, à l’occasion de l’année du patrimoine. C’était encore plus improvisé que d’habitude, sur un scénario que Pascale et Bulle Ogier inventaient avec Jacques au fur et à mesure, et que Suzanne Schiffmann et Jérôme Prieur essayaient de structurer. La claustrophobie de Bulle, qui sort de prison, vient de l’absence de moyens pour louer des lumières. Son personnage ne pouvait pas rentrer dans une pièce, ça tombait bien, on n’avait pas un rond pour l’éclairer. Après ça, sa méthode n’a guère changé. Jacques arrivait avec une idée, sans prévenir. Cette idée était souvent un désir de comédien. Jacques avait suffisamment d’intuition et de connaissance pour ne pas se tromper. Il ne mettait jamais les pieds dans une soirée mondaine, mais il voyait tout.
0 Comments
Leave a Reply. |
AuthorWrite something about yourself. No need to be fancy, just an overview. Archives
December 2016
Categories |